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              Nous ne sommes pas des êtres humains de CAROLINE LE SOMMER est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transposé.

 

NOUS NE SOMMES PAS DES ÊTRES HUMAINS (extrait)


 


Le vaisseau tangue. Hespéria perd l'équilibre. Tancrède la soutient par le bras.

HESPERIA. -- Je vous avoue Professeur que ce type d'expérience ne me plaît guère.

Tancrède impose le silence. Un temps. Ils se dirigent vers la porte suivante. Ils se regardent puis Hespéria pousse la porte.

Une rue poussiéreuse où traînent des cadavres mutilés. Des fusils et des mitrailleuses tirent sur tout ce qui bouge. Tancrède et Hespéria se plaquent contre un mur à l'angle d'une rue. Au loin, on entend des bombes qui pulvérisent des immeubles. La terre tremble.

HESPERIA. -- Nous sommes en pleine guerre.

Tancrède retient une femme qui allait traverser la rue au moment où un blindé passe en incendiant les maisons voisines.

LA FEMME. (Se tournant vers Tancrède.) -- De quel côté êtes-vous ?

TANCREDE. -- Nous sommes des étrangers et...

LA FEMME. -- Vous savez, ici, le risque est le même pour tous. Pour l'instant, nous sommes sur la ligne de feu. Et l'essentiel est de rester en vie.

HESPERIA. -- Vous êtes bien calme !

LA FEMME. -- Depuis quarante ans nous subissons des assauts de ce genre tous les jours. Voilà quarante ans que j'ai peur. Une peur qui vous quitte à peine le temps du sommeil et qui vous ronge peu à peu. Nous apprenons à vivre avec cette peur et à conserver notre calme.

TANCREDE. -- Quelle est l'origine de cette guerre ?

LA FEMME. -- Les plus vieux affirment que Notre Parti lutte pour libérer le pays du despotisme et qu'en face, ils luttent pour conserver le Pouvoir.

HESPERIA. -- Comment! Vous voulez dire que vous ne savez plus exactement... (Tancrède lui prend le bras pour lui intimer le silence.)

LA FEMME. -- (A l'adresse de Tancrède.) Elle a raison... (Un temps.) Nous en sommes à ce point parce qu'après toutes ces années d'horreur plus personne n'était en mesure de nous éclairer. L'interprétation du message que nous restituait l'Histoire était différente selon les dirigeants de l'Organisation. Oui, elle a raison, nous ne savons pas exactement pourquoi nous combattons et nous lançons des bombes des deux côtés.

TANCREDE. -- Si je comprends bien, ni l'un ne tue, ni l'autre n'est tué.

LA FEMME. -- Au nom du peuple nous luttons contre la tyrannie pour le rétablissement de la paix et de la justice.

TANCREDE. -- Pourquoi ajouter de l'injustice à l'injustice ?

LA FEMME. -- Pour l'honneur.




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